Particulièrement performants sur le plan énergétique, les parcs photovoltaïques au sol permettent d’atteindre des niveaux de production élevés, grâce à des installations de grande envergure, couvrant plusieurs dizaines d’hectares. Mais leur déploiement pose des questions essentielles quant à leur insertion dans les territoires. Entre enjeux fonciers, exigences écologiques et attentes locales, le développement des centrales au sol nécessite une approche maîtrisée, alliant rigueur technique et vigilance sur les impacts écologiques et sociaux.
Le développement des centrales photovoltaïques au sol suit une trajectoire ascendante, soutenue par les objectifs de la Programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE) et les impératifs de décarbonation. Grâce à leur puissance élevée, les installations au sol participent activement à la progression du parc photovoltaïque national, dont la capacité a dépassé les 25 GW au premier semestre 2025. Sur cette période, les volumes raccordés au réseau ont bondi de 35 % par rapport à l’année précédente, les centrales au sol représentant près de la moitié de ces nouvelles installations.
Ces centrales s’implantent généralement sur des terrains peu valorisés ou en reconversion, déjà anthropisés : friches industrielles, anciennes carrières, emprises routières ou ferroviaires, mais aussi, de manière encadrée, sur des terres agricoles ou forestières. La diversification des sites d’accueil permet de limiter les conflits d’usage tout en contribuant à la revitalisation de certains fonciers délaissés. Côté technique, deux grandes configurations sont couramment utilisées :
Les premières, plus répandues, reposent sur des tables surélevées de 80 cm à 4 mètres et comportent plusieurs rangées de panneaux. Les trackers, quant à eux, offrent une productivité supérieure au prix d’un investissement et d’un entretien plus conséquents. Ils sont notamment utilisés dans les projets agrivoltaïques, dont le cadre réglementaire a été précisé par le décret du 8 avril 2024 pour encadrer leur déploiement sur les terrains agricoles, naturels ou forestiers non cultivés.
Les terrains favorables au photovoltaïque au sol sont généralement plats, dégagés d’ombrage, facile d’accès et proche du réseau électrique. Mais en pratique, l’identification de foncier mobilisable pour ce type de projet reste complexe. D’une part, ces sites présentent souvent des contraintes d’urbanisme - inondabilité, servitudes, zones écologiquement sensibles – autant de paramètres qu’il est crucial d’anticiper dès les premières phases du projet. D’autre part, l’implantation de centrales photovoltaïques au sol soulève des enjeux environnementaux et sociaux majeurs : transformation des sols, fragmentation des milieux naturels, conflits d’usage avec l’agriculture, ou encore acceptabilité locale parfois fragile.
Conscient de ces enjeux, Néomix s’attache à concevoir des projets vertueux, conciliant montée en puissance du solaire et respect des équilibres écologiques et territoriaux.
Le photovoltaïque au sol suscite aujourd’hui un débat essentiel : peut-on assurer un développement soutenable en conciliant transition énergétique, préservation des sols et biodiversité ?
Le risque d’artificialisation des sols : réalités et limites
Pour accompagner le développement du photovoltaïque au sol sans aggraver l’artificialisation des sols, le décret du 29 décembre 2023 introduit une dérogation encadrée. Certaines structures peuvent ne pas être comptabilisées comme artificialisantes pendant une durée de dix ans, à condition de respecter des critères techniques et écologiques stricts. Cette exception s’applique lorsque les panneaux sont surélevés de manière à préserver le couvert végétal, que les structures sont démontables (dites réversibles), et que l’usage agricole ou pastoral du terrain est maintenu, notamment sur les fonciers agricoles ou forestiers. Un arrêté ministériel précise ces conditions, notamment en matière de hauteur minimale des modules, d’espacement entre les rangées, de types de fondations et de perméabilité des clôtures, afin de garantir un impact environnemental limité et réversible.
La fragmentation des habitats et l’impact sur la biodiversité
Les centrales photovoltaïques au sol peuvent modifier les écosystèmes existants en fragmentant les habitats naturels, en perturbant les cycles biologiques et en affectant certaines espèces sensibles. Dans les faits, certaines espèces animales, notamment les petits mammifères, peuvent être repoussées par les installations, mais la plupart tel que les oiseaux, s’y adaptent. Pour y remédier, les clôtures conservent souvent des passages pour les petits mammifères ou sont surélevées, les modules sont espacés pour maintenir une lumière suffisante au sol, et leur inclinaison permet la circulation de la faune. Le maintien d’une couverture végétale permanente, sans usage de pesticides, favorise également la biodiversité floristique et faunistique.
Les conflits d’usage relatifs à la gestion des sols
La conversion de friches ou de terrains agricoles à des fins énergétiques interroge sur la pérennité de l’usage alimentaire du foncier. Il est donc essentiel de garantir une multifonctionnalité, comme l’agri-PV ou l’entretien pastoral, pour maintenir des synergies entre production d’énergie et activité agricole. De nouveaux usages, tels que ruches ou pâturage, peuvent aussi être intégrés pour renforcer la durabilité du projet.
Face à l’essor rapide du photovoltaïque au sol, le cadre réglementaire encadrant ces projets s’est considérablement renforcé. L’objectif est clair : concilier développement des énergies renouvelables et préservation des milieux naturels, en garantissant une évaluation rigoureuse des impacts potentiels. Au cœur de cette démarche se trouve l’application de la séquence ERC – Éviter, Réduire, Compenser, qui structure désormais l’ensemble des projets susceptibles d’affecter l’environnement.
Permis et études selon la puissance de l’installation
En fonction de leur puissance, les projets photovoltaïques sont soumis à des formalités administratives croissantes : déclaration préalable dès 3 kWc, permis de construire au-delà de 250 kWc, et étude d’impact obligatoire à partir de 300 kWc.
Pilier du processus d’autorisation, l’étude d’impact environnemental permet d’anticiper et d’évaluer les effets du projet sur son environnement. Elle comprend un diagnostic écologique du site (inventaires faune/flore, habitats naturels), une analyse des impacts potentiels (bruit, sol, paysage, hydrologie, continuités écologiques), et une présentation des mesures prévues pour éviter, réduire ou compenser ces effets (séquence ERC). Réalisée sur plusieurs mois, souvent avec un bureau d’études indépendant, elle s’appuie sur des relevés de terrain, des simulations, et la concertation avec les parties prenantes. L’ensemble du dossier est ensuite examiné par l’autorité environnementale, qui rend un avis public permettant d’éclairer la décision finale de l’administration. Ce processus contribue à garantir que les projets s’inscrivent dans une logique de développement durable, attentive aux équilibres écologiques du territoire.
Des règles d’urbanisme strictes pour protéger les écosystèmes
Parallèlement aux autorisations administratives, les projets doivent impérativement respecter les règles locales d’urbanisme. L’implantation d’un parc photovoltaïque doit être compatible avec le plan local d’urbanisme (PLU ou PLUi) et éviter tout empiètement sur des zones identifiées comme sensibles. Il peut s’agir de zones naturelles d’intérêt écologique, faunistique et floristique (ZNIEFF), de sites Natura 2000, de zones humides ou encore de corridors écologiques. Ces périmètres bénéficient d’un statut de protection renforcé et peuvent conduire à une interdiction, ou du moins à l’application de mesures compensatoires strictes. L’autorité environnementale, saisie pour les projets d’envergure, émet un avis indépendant qui garantit une évaluation écologique rigoureuse.
Un dialogue territorial en amont des projets
Au-delà du cadre réglementaire, les porteurs de projet sont fortement encouragés à engager une concertation en amont avec les acteurs du territoire. Collectivités locales, exploitants agricoles, riverains, associations environnementales : tous ont un rôle à jouer dans l’identification des contraintes locales et des opportunités d’intégration. Cette approche permet non seulement de limiter les tensions, mais aussi d’orienter les projets vers des sites plus propices à l’exploitation. Ce dialogue constitue aujourd’hui une bonne pratique attendue, voire implicite, dans l’élaboration de tout projet photovoltaïque au sol responsable.
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